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ANNIE SALLARD
1935 – 2007

la Touriale r

 

Carton d'invitation de l'exposition à la librairie La Touriale à Marseille

 

Soudain les choses s'immobilisent et se découvrent dans une sorte de nudité, d'admirable maintien. Elles se découvrent dans la halte qu'elles nous procurent, si nous y consentons. Non par l'accumulation mais d'autant plus étranges qu'isolées, brillantes ou sombres dans un ensemble, sortant en quelque sorte d'un rôle passif ( que l'on croyait passif) pour s'imposer. Et cette percée s'accomplit sans heurt, sans éclat, humblement dirait-on. Mais c'est que le peintre qui avait perçu ces signes ( ces appels peut-être) ne pouvait pas ne pas les instaurer dans le monde, d'un geste qui s'effaçait en les faisant surgir.

Sans éclat, certes, parfois une simple touche, une mince coulée de lumière, une tache d'ombre; une simple note de couleur, note au sens musical,que l'on entend frémir sur un pré par exemple - et cela suffit pour redonner fraîcheur à ces fenêtres, ces paysages. On les croyait plongés dans l'attente alors qu'ils vivaient intensément. Dans une immobilité extatique. Il y a comme un double mouvement, du peintre vers eux et d'eux vers le peintre. Il y a un point de jonction, d'harmonie

Ce regard qu'Annie Sallard porte sur le monde, on sent bien qu'il désespère de n'en pouvoir dresser l'inventaire, car la beauté est partout ( un chou, une agate, une passoire...) et partout fugitive, que traverse la lumière, obliquement, discrètement comme honteuse de nos aveuglements.

Dessins silencieux, je veux dire qu'Annie Sallard n'y célèbre nul exploit - mais n'est- ce pas le plus bel exploit, le plus mystérieux, cet arbre qui flambe, ces fleurs dans l'encoignure d'une fenêtre? Et peut-être pouvons-nous comprendre que cela ne s'accomplit que parce que la ferveur a transformé ce qui n'était qu'un regard - notre regard machinal - en cette simplicité d'une vision accordée.

Un leçon qui s'impose lorsqu'on s'attarde, un tant soit peu, auprès des dessins d'Annie Sallard.

 

Pierre-Albert Jourdan

   
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